Constituer des actifs pour les générations futures

La permaentreprise renoue avec une démarche éthique et intemporelle, qui est celle de la permaculture : « constituer des actifs pour les générations futures ».  

Constituer des actifs à long terme pour les générations futures, c’est rompre définitivement et volontairement avec une logique de prédation sur le vivant et de destruction des écosystèmes, qui creuse les inégalités et menace les possibilités mêmes de la vie. 

 C’est caresser le rêve d’améliorer les conditions d’existence des êtres humains sur terre et de laisser la planète vivable pour les générations futures.  

Et c’est aussi, dans l’entreprise, pour nous aujourd’hui, un formidable défi, une source incroyable d’innovations, de progrès, de créativité, d’enthousiasme.  

Aux entrepreneurs qui, face à un quotidien souvent difficile et dans une période économiquement très compliquée, se demanderaient ce que basculer vers ce modèle pourrait leur apporter, je répondrais en me basant sur l’expérience de norsys :  

  • à attirer des talents :  plus de 30 000 jeunes ont déjà signé le manifeste « Pour un réveil écologique » et affirment vouloir faire un pas de côté par rapport aux entreprises qui ne s’engageront réellement et avec amplitude dans la transition écologique. Au regard de la pénurie actuelles de compétences, ils sont en position de force et compte bien le démontrer.
  • à attirer des clients : une partie croissante des consommateurs diminue sa consommation de ce qui est jugé néfaste pour l’avenir de la planète. C’est vrai pour la viande, ça le devient pour la mode, et pour certains produits non durables. La tendance est à la consommation de produits locaux. Pour les marques, apporter la preuve de la sincérité de leur engagement constituera un gage de résilience. Dans les appels d’offres également, la bascule de modèle deviendra un critère de sélection et un gage de réussite. 
  • à anticiper : notamment les nouvelles lois et réglementations qui ne manqueront pas de voir le jour, sous la pression de l’opinion publique, et qui pénaliseront les entreprises qui auront tardé à faire évoluer leur modèle. Mais aussi à anticiper les attentes citoyennes, notamment sur des questions liées à l’organisation du travail et au besoin d’autonomie. Les entreprises qui refusaient le télétravail, souvent à cause d’une culture fondée sur la méfiance et le contrôle, ont été fort dépourvues lors de la crise de la Covid19, contrairement à celles où il avait été négocié et organisé. 
  • à faire des économies : en réduisant les coûts cachés que sont le désengagement des salariés, l’absentéisme, les maladies professionnelles comme le burn-out, les frais liés aux démarches de recrutement et au turnover.
  • à innover : car les exigences du modèle de développement d’une permaentreprise obligent à se réinventer, à revoir ses processus, ses consommations, ses approvisionnements et aussi ses modes de relations, de management et de gouvernance. 

La permaentreprise peut paraître inaccessible. L’expérience de norsys prouve qu’elle est non seulement possible mais rentable, parce qu’elle répond aux enjeux du monde, aux besoins des salariés et aux attentes des citoyens.  

Certes, elle introduit une rupture radicale : l’entreprise, qui n’est jamais qu’un outil, comme l’économie d’ailleurs, décide de rompre avec la quête asservissante d’un profit maximal, pour faire du profit non la finalité mais le moyen de produire des biens et services utiles aux humains sans nuire à la planète.  

Elle s’affranchit du conformisme pour trouver la voie d’un développement nouveau. C’est un renversement de perspective qui n’enlève rien à l’aventure entrepreneuriale, lui redonne au contraire du lustre, parce qu’il permet de dépasser la désespérance ambiante et de renouer avec l’idée que demain pourrait être meilleur qu’aujourd’hui. 

Sylvain Breuzard